Je ne sais pas comment vous dire ça…
Ca fait plusieurs jours maintenant que j’écoute l’album… et j’ai malheureusement peur de devoir rectifier mes précédents posts…
Je sens que je vais faire de la peine à beaucoup de monde, et je m’en excuse, mais ce n’est pas parce qu’on aime un artiste qu’il faut se mentir à soi-même.
J’ai été jusqu’ici d’une indulgence coupable, d’un tempérament trop conciliant et trop faible, et il faut maintenant que je me jette à l’eau.
Voilà, ce disque ne me plaît pas tant que ça, en fait.
Il perd même toute saveur après quelques écoutes, quand l’effet de surprise se dissipe et que l’esprit un temps engourdi par la joie communicative de ce forum redevient enfin capable de discernement.
Je m’explique :
La robe et l’échelle : Lio, membre éminent du jury de la Nouvelle Star, disait avec beaucoup de profondeur et de sagacité qu’elle ne comprenait pas qu’on puisse faire une chanson sur le fait de manger des pizzas (Bénabar, Le dîner). Je crois que j’ai trouvé pire : un gars qui fait une chanson sur la cueillette des cerises ; mieux : un gars qui fait une chanson sur le fait qu’il aimerait bien aller cueillir des cerises. Et puis, c’est peut-être un poète, mais avec ses « portes qui donnent vers le ciel », je ne le choisirais pas comme architecte.
Les cardinaux en costume : une chanson indigne d’un citoyen, qui piétine allègrement tous les principes républicains auxquels je suis foncièrement attachée, à commencer par le principe d’égalité : ici, c’est tout pour les exclus, et rien pour les autres. « Et moi et moi et moi », alors ?
Le chêne-liège : je crois que je sais pourquoi il n’y a malheureusement que des questions dans cette chanson : à force de descendre ses arpèges, il a dû creuser sous les racines du chêne et l’arbre lui est tombé dessus avant qu’il ait pu répondre… Par contre, il n’a eu aucun souci pour faire rimer « interrogent » et « pataugent » : on peut ne pas croire en Dieu, mais là, ça relève du miracle.
Le Cygne blanc : un tempo mou, mais mou… Si on ne s’endort pas, c’est parce qu’on essaye pendant toute la chanson de résoudre « the » question : elle est où, bon sang, cette place Jean Fallières ?!!
Des hommes pareils : jamais entendu un titre aussi macho ! Pas une seule meuf dans toute la chanson (à part les nièces, mais c’est pour la rime). L’humanité est polychrome mais exclusivement masculine. Je vais dénoncer son album aux Chiennes de garde !
Des roses et des orties : problèmes existentiels du quinquagénaire, bis. Je ne me sens toujours pas concernée.
Né dans le bayou : super… mais moi je suis née à Grenoble et la transposition, ça le fait moyen: «Je peux lire du Stendhal dans les pubs pour mes rues Après j’oublie qu’il les aimait pas J’étais la meilleure aux cours de cuisine Pour les noix et le gratin dauphinois» ; « et je skie, je skie, sur la terre que j’aime, celle qui se gagne sur la plaine »…
African tour : une dénonciation extrêmement injuste de la qualité des agences de voyage africaines. Elles proposent quand même de très bonnes promos : en ce moment, le voyage retour est gratis.
Madame n’aime pas : eh ben moi non plus ! Ca fait maternelles en récré, ce titre. Un peu de sérieux et de tenue, s’il vous plaît. Y en a même un qui bavarde, à la fin du morceau!
Les gens formidables : enfin un éclair de lucidité ! Dommage que ça n’ait duré qu’un temps : s’il était vraiment convaincu de ce qu’il dit, il aurait arrêté son disque là, serait parti à la retraite (ouf !) et ne nous aurait pas infligé les chansons suivantes…
L’ombre au tableau : au cas où les arbres, les petits oiseaux et la jolie nature nous manqueraient… Elle a dû être écrite dans la cabane au fond du jardin, cette chanson.
Elle m’appartient (c’est une artiste) : ah oui, c’est vrai que y avait un bonus! Mais après le calvaire que ça a été de réécouter l’album jusqu’à la fin de la chanson 12, je n’allais quand même pas attendre quelques secondes de plus pour subir une nouvelle reprise affligeante !
Bref, des roses et des orties, ce n’est pas un opus équilibré, c’est le pire mix de tous les temps : une voix à la Renaud, la profondeur de Fatal Bazooka, le sens musical et les arrangements de Cindy Sander, les textes guimauve et « poétiques » de Barbelivien et Lalanne réunis et même pas l’énergie de Lorie pour relever le niveau.
Un album d’une rare nullité.
Voilà, c’est dit.
**********************************************************************Pour toute réclamation concernant ce texte désolant, merci de vous adresser à Monsieur El Magnifico qui m’a donné le très sympathique gage de descendre un album que j’aime beaucoup ! Je précise bien qu’il s’agit d’un gage, et non d’un pari : il y avait donc pour moi comme une sorte d’ « obligation morale » à ne pas me défiler.
Or je ne voulais pas pondre un « vrai » article qui aurait été une compilation plus ou moins destructrice des critiques qu’on a pu lire sur l’album : défendre un point de vue sans que ce soit le sien, ça m’a toujours paru un exercice un peu malhonnête… Surtout qu’ici, le seul résultat aurait été de faire de la peine pour rien.
Il ne me restait donc qu’une solution : la critique reprenant les pires clichés sur Cabrel et tellement bête et cynique qu’elle en perd toute valeur et ne laisse aucun doute sur les véritables sentiments de son auteur (du moins, je l’espère). Suivant le degré de réceptivité à ce type d’humour, elle peut même être jugée drôle à l’occasion…
Mais je n’ai quand même pas voulu tester la formule sur Mademoiselle l’aventure…
Ma critique de cet album, la vraie, est bien sûr toujours dans le topic dédié, celui que je n’ai pas voulu polluer avec mes bêtises:
https://franciscabrel.forumactif.com/tout-sur-francis-f5/des-roses-et-des-orties-vos-impressions-t901-45.htmVous ne m’en voulez pas trop ?