(désolé je le met ici aussi...)
Le jeu,
Le but du jeu, c’est, pour commencer, de ne pas se faire voir, enfin pas trop, parce que quand même ça nous met mal à l’aise dès fois.
Où que ce soit, dans la rue, dans un magasin, dans une salle d’attente, enfin partout, puisque justement, elles sont partout.
Normalement nous, nous somme assez fort à ce jeu là, enfin c’est ce qu’on croit…
Il faut dire aussi que c’est un exercice inné pour nous les hommes qui ne nous demande aucun effort. Au contraire, c’est comme un vieux réflexe, un instinct...
Ca va souvent très vite et pour cause, il faut être rapide pour saisir sur le fait, ces petits moments qui nous donnent à nous, tant de satisfaction. Ces clichés de leurs formes qu’on leur vole au passage et qui nous laisse tant rêveur…
Quand elles sont de dos et qu’elles marchent devant nous, c’est facile, et si en plus elles s’arrêtent et se penchent en avant pour moucher le nez de leur petit, alors… cadeau.
Quand elles arrivent de face, sur le même trottoir que nous, c’est déjà moins évident.
Parce qu’elles regardent, elles aussi. Elles regardent dans nos yeux, comme pour vérifier qu’elles sont regardées et de quelle manière. Mais au moment de les croiser, elles ont cette capacité à montrer une telle ignorance au point qu’on se demande parfois si nous, nous ne sommes pas un peu mazot.
Parfois, on peut tomber sur une qui maintien le regard et on a l’impression qu’elle nous dit tant de chose. Alors on sent tout à coup le cœur qui s’accélère mais hop c’est déjà fini, elle est passée…
Tout cela va très vite, peut-être 3 secondes en tout, guère plus.
Quand on arrive à l’accueil et que l’hôtesse qui nous renseigne a eu la délicieuse idée de mettre ce petit tee-shirt en coton simplement maintenu par deux petites bretelles qui lui entourent admirablement bien ses petites épaules, on se dit : chouette...
Alors on attend, béatement, forcément ce moment où elle va se pencher pour vérifier dans ses papiers, je ne sais quoi.
De toute façon, elle peut vérifier ce qu’elle veut, nous dire ce qu’elle voudra, rien n’y sert, on n’écoute déjà plus, obnubilé qu’on est par toutes ces belles choses qu'elle nous laisse, un trop court instant, savourer...
Et le temps qu’il nous faut pour redescendre sur terre, elle a déjà terminé l’explication, on a plus qu’à la regarder avec un sourire benêt, en lui disant :
« OK je vous remercie, bonne journée » et là on repart en se disant, « qu’est-ce qu’elle a dit déjà ? »
Ainsi on marche, et c’est un vrai plaisir d’avancer comme cela et d’aller de cadeau en cadeau. Aidés qu’on est par les tenues qu’elles portent, innocemment bien sûre, en cette saison qu’on appelle « chaude ».
Parfois, les choses se compliquent quand notre dulcinée tant aimée qui marche à nos côtés et dont on était pourtant sûre qu’elle n’avait rien compris à tout ce manège, nous lance d’un regard à nous fusiller net :
- Bon ben ça y est, tu l’as vue ! Hein c’est bon remet toi, elle est passée.
Alors on essai de prendre notre air le plus…comment dire, le plus con peut-être…?
- Hein ? de quoi ?
- Oh s’il te plaît ! De quouaaaa. tu crois que je te vois pas. Pfff, mon pauvre…
Mais il arrive parfois que le jeu nous agace quand même. Quand, à l’inverse, on regarde un peu autour et qu’on surprend, dans le regard d’un autre ces même yeux de chasseur qui se posent sur celle qu’on protège tant.
Là, on sent monter en nous, comme une envie de coller un pain à cet imposteur dont on connait tout de son petit jeu.
Alors, tant qu’à être de mauvaise fois, tout indigné qu’on est, on en profite pour faire remarquer à sa dulcinée, que quand même, elle pourrait faire attention à la façon dont elle s’habille.
C’est vrai, ce pantalon taille basse qui laisse osciller son nombril comme un pendule hypnotisant, admettons, mais il suffirait qu’elle se penche pour qu’apparaisse au bas de son dos quelques petits morceaux de fleurs en dentelle et tous les autres saurait alors qu’il est noir…
Déjà, en mettre un noir, alors que le pantalon est blanc, quand même, elle exagère.
Alors en repoussant tout au fond de nous ce vieux sentiment qui s’appelle "jalousie", on prend notre air le plus choqué, et on le lui fait remarqué. Et il n’est pas rare alors de voire se dessiner sur le coin de sa bouche, comme un petit sourire de satisfaction, à peine contenu.
Et c’est ainsi qu’elles passent, qu’elles tournent tout autour de nous, tous les jours et qu’on continue à les regarder, croyant ne pas être vu.
C’est le jeu.
Jérôme